Un homard sous cloche pour dénoncer les excès de notre société de consommation
Après le Peccator (sinner/pollutor/destroyer), vanité du XXIe siècle, nous vous proposons de pénétrer dans le cabinet de curiosités de l’artiste-biologiste hollandais Gurt Swanenberg avec Cryptozoologie (specimen 10), une oeuvre originale dans sa présentation, frisant la perfection en termes de réalisation, en vente sur le site du Collectionneur Moderne.
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Cryptozoologie (specimen 10) représente un homard sous cloche. Le crustacé est constitué d’une accumulation de logos de grandes marques, peints avec une précision et un réalisme proprement stupéfiants. Gurt Swanenberg, comme pour le Peccator, use de sa maîtrise de la technique de la peinture à l’huile pour parvenir à attirer l’attention du spectateur et lui délivrer son message : une critique de notre société de consommation.
Nous avons demandé à Gurt Swanenberg de nous éclairer sur cette oeuvre et ses intentions (ses réponses ci-dessous sont traduites de l’anglais).
Pourquoi renouveler l’iconographie du cabinet de curiosités ?
Il y a des siècles, le cabinet de curiosités regroupait toutes sortes d’objets : des plantes et animaux séchés ou conservés dans du liquide, des graines, des minéraux, des coquillages ainsi que des objets réalisés par l’homme. Avec ces différents objets provenant du monde entier, le collectionneur cherchait à reconstituer un monde en miniature, à portée de la main. À cela s’ajoutait une raison religieuse : réunir des specimens de créations admirables de Dieu était censé permettre au collectionneur de se rapprocher de Dieu.
De nos jours, nous pouvons voyager en quelques heures à l’autre bout du monde, ou commander des choses par eBay à travers le monde. L’aspect exotique de la collection semble désormais moins pertinent (tout comme son aspect religieux), mais l’idée générale de comprendre le monde en recueillant des êtres vivants (ou leurs restes) est plus importante que jamais, car nous avons visiblement cessé de nous soucier des autres espèces ou des ressources naturelles.
En tant que consommateur, les allées d’un supermarché constituent le cabinet de curiosités d’aujourd’hui, regroupant des plantes et animaux du monde entier fabriqués, transformés en produits pour notre consommation.
Cet environnement étant parfaitement reconnaissable de tous, j’utilise ce langage visuel pour me connecter au spectateur, en espérant véhiculer certaines idées originales du cabinet de curiosités.
Je souhaite que mon spectateur soit attiré par un sujet qu’il reconnaît, comme une marque ou un logo. Quand j’obtiens son attention, j’essaie de le pousser à aller plus loin en découvrant le contenu iconographique et la signification de l’œuvre.
Travailler sur une seule peinture ou un seul objet ne me suffit pas ; je veux montrer une collection d’œuvres sur le même thème, pour délivrer un message plus fort au spectateur. La plupart du temps, je réalise des séries d’oeuvres, autour de la même idée. Par exemple ces spécimens réels conservés dans du liquide, que j’ai recueillis au fil du temps, des animaux qui sont tous au menu des humains. J’ai peint des étiquettes sur des bocaux scientifiques dans lesquels des animaux sont conservés. De cette façon, j’ai trouvé le moyen de lier l’atmosphère de cabinet de curiosités et l’appel du supermarché.
Que pensez-vous de la question de la consommation et quel message souhaitez-vous faire passer ?
Pour un artiste vivant dans le monde actuel, le sujet de la consommation de masse doit de toute urgence être abordé, car nous sommes en train de détruire notre environnement.
Nous sommes simplement trop nombreux, tous désireux de vivre plus longtemps dans toujours plus de richesses.
Je vis dans un très petit pays, avec 17 millions d’autres personnes. Il n’y a pratiquement plus de vie sauvage dans le pays ; la majorité de l’espace est occupée par des infrastructures ou dédiée à l’agriculture. Je ne vois jamais d’animaux sauvages, juste des vaches, des cochons et des poules, des animaux que nous élevons pour leurs produits laitiers ou leur viande. Nous améliorons leurs qualités par croisement. Biodiversité humaine !
Je travaille sur une série, Human Nature, illustrant la variété des animaux élevés dans le monde et leurs différentes caractéristiques. Ils sont reproduits sur des sacs McDonald’s pour illustrer une industrie pour laquelle ils sont élevés. La franchise McDonald’s est également une métaphore de notre consumérisme global et glouton.
Encore une fois, j’utilise les caractéristiques reconnaissables des sacs pour attirer l’attention des spectateurs, avant d’apporter le reste de l’histoire avec les animaux peints. Je fais partie du problème, étant moi-même un consommateur, mais j’espère que mes œuvres pourront susciter des conversations sur le consumérisme.
Êtes-vous vous-même consommateur des marques que vous reproduisez dans vos oeuvres ?
Bien sûr. Je les consomme tous les jours. La publicité est devenue une menace, elle est partout. Elle inonde nos boîtes aux lettres, nos ordinateurs, les bus ; nous sommes incités à acheter et consommer 24h/24 et 7j/7. Nous ne le remarquons même plus. Les écoliers reconnaissent de nombreuses marques lorsque je leur montre des logos, mais sont incapables de citer des noms de plantes ou d’animaux. Cela me dérange. La nouvelle génération doit redécouvrir la nature pour la préserver. Mes oeuvres de la série Cryptozoologie font référence à cette idée.
Collectionnez-vous les oeuvres d’art des XVI-XVIIIe siècles ?
J’ai une petite collection d’objets des 18e et 19e siècles, fabriqués à partir de matière animale. D’une façon ou d’une autre, la beauté animale qu’on retrouve dans l’ivoire, l’écaille de tortue et la nacre a toujours eu un grand attrait pour moi. Parfois, j’expose ces objets à côté de mes peintures pour expliquer le sujet au public. Ils représentent aussi des vestiges d’une époque où il y avait des éléphants, des tortues de mer et d’autres animaux en abondance. Aujourd’hui bien entendu, beaucoup de ces matériaux sont interdits.
Il m’arrive d’utiliser de vrais matériaux pour mes œuvres, pour renforcer mon propos. Comme cette miniature, Perfect Pepperoni, une publicité peinte directement sur de l’écaille de tortue et l’ivoire, la détruisant par là même. Je voulais un fort contraste en utilisant un matériau qui est considéré comme luxueux comme l’ivoire, et un sujet banal comme une pizza. En fait trois animaux sont représentés ici, la tortue, l’éléphant (le cadre en ivoire) et le cochon (la saucisse).
Quels sont vos projets ?
Je vais me lancer prochainement dans un nouveau projet qui présentera le consumérisme comme une religion. Ce sera le projet le plus important et le plus étrange que j’ai réalisé jusqu’à présent. Il intégrera une note d’humour, comme dans toutes mes œuvres ; j’espère pouvoir ainsi mettre un sourire sur le visage du public, avant de lui faire comprendre que nous allons droit dans le mur.
Détails de l’oeuvre
Titre : Cryptozoologie (specimen 10) de Gurt Swanenberg (2014)
Série Industrial Evolution
Technique : Huile sur panneau sous cloche de verre
Dimensions : 55 x 23 cm
Oeuvre unique, fournie avec certificat
Prix : 6 900 EUR
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Notre avis
Nous sommes particulièrement sensibles au travail de Gurt Swanenberg.
Sa technique est parfaite, son message résolument pertinent. Cryptozoologie (specimen 10) soulève des questions de société passionnantes et constitue une pièce unique proposée à un prix encore accessible. Entre nous : ne tardez pas ! Consultez le site du Collectionneur Moderne pour en apprendre plus sur l’artiste, et commencer à constituer votre propre cabinet de curiosités