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D’Art d’Art ! aux éditions du Chêne

[Actualité artistique]

La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau, critique et professeur d’histoire de l’art

D’Art d’Art ! L’intégrale

Tout le monde connaît Frédéric Taddeï en raison de ses émissions très populaires à la radio et à la télévision, dont Ce soir ou jamais (2016-2017, sur France 3 puis France 2), mais aussi grâce à D’Art d’Art !, émission écrite en collaboration avec sa sœur Marie-Isabelle.

Frédéric et Marie-Isabelle Taddeï – Photo ©Pauline Thomas

Les auteurs ont relevé un défi quasi impossible : parler d’art à la télé. Cela a été mesuré : le téléspectateur moyen zappe au bout de deux minutes maximum si on veut lui montrer de l’art sur son écran. D’où l’idée de commenter des œuvres en deux minutes, pas une seconde de plus, en ne disant que des choses exactes et indispensables, mais en y ajoutant une dose d’humour substantielle. Pari gagné : l’émission a duré seize ans (2002-2018).

L’heure est venue d’en réunir l’intégrale sur papier : cela donne un beau livre de 928 pages, présentant 5000 ans d’histoire de l’art en 450 œuvres (éditions du Chêne). Daniel Buren lui-même, ancien grand contempteur de l’art des musées, s’est laissé séduire : « …Il faut être fulgurant et juste, toujours. Sinon, rien ! (…) Un morceau de bravoure à la télévision sous forme de gageure à une heure de grande écoute et qui prend ceux qui regardent pour des êtres intelligents. C’est simple, chaleureux, admiratif. De la culture sans pédanterie ni concession. On en redemande ! »

Par rapport aux émissions télévisées, le livre offre un plus qui en fait un instrument d’initiation à l’histoire de l’art particulièrement bien venu : une notice en marge résumant la biographie de l’artiste et donnant des éléments permettant de le situer historiquement et esthétiquement.

Les auteurs ont sans doute leurs préférences, mais ils n’oublient personne, pas même les « pompiers », témoin le trop célèbre, trop riche, trop glorieux Alexandre Cabanel dont ils nous donnent l’hilarante Naissance de Vénus dont Zola, fou de rage, disait qu’on oublierait vite l’académicien et sa « poudre de riz ». Eh bien pas du tout ! Aujourd’hui nous admirons certes Le déjeuner sur l’herbe de Manet qui fut éclipsé par la Vénus, et nous savons que, pendant tout le XXe siècle, cette dernière  « symbolisera la ringardise et le mauvais goût de l’art pompier. » Mais le frère et la sœur Taddeï ajoutent que « si aujourd’hui, nous l’aimons bien tout de même, c’est parce que nous la trouvons totalement kitsch. Pauvre Cabanel, s’il avait su ! » Et c’est ainsi sur ce ton depuis la sculpture en bas-relief de Les Eysies-en-Tayac (25.000 ans av. J.-C.) jusqu’à Anselm Kiefer et son intervention au Louvre de 2007.

Ce livre n’est pas une histoire de l’art, c’est une introduction à l’art dans la bonne humeur qu’il faut absolument mettre dans les mains des jeunes.

Éditions du Chêne


Jean-Luc Chalumeau
Critique et professeur d’histoire de l’art
verso.sarl@wanadoo.fr

Illustrations : ©Éditions du Chêne

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