Le talent du dessinateur et scénariste Jean-Paul Krassinsky à découvrir au travers de plus de 70 oeuvres originales
Dans le contexte actuel, les oeuvres de Krassinsky sont à lire et relire : Le crépuscule des idiots à propos de la religion, La fin du monde en trinquant sur la menace globale, et Frères qui sort ce 21 octobre… Autant d’histoires jubilatoires, bien ficelées et servies par des dessins à l’aquarelle exceptionnels, qui résonnent tout particulièrement en ce moment.
Nous avons le plaisir de vous inviter à découvrir son talent au travers des nombreuses oeuvres et illustrations originales que nous exposons en ligne et à la galerie du 22 au 31 octobre.
Informations pratiques
– Exposition du 22 au 31 octobre
– Plusieurs rendez-vous sur inscription, en raison du contexte sanitaire, en présence de Jean-Paul Krassinsky :
• Jeudi 22 octobre de 17h à 20h30 (complet)
• Vendredi 23 octobre de 17h à 19h (complet)
• Samedi 24 octobre de 17h à 19h
• Jeudi 29 octobre de 17h à 19h (complet)
• Vendredi 30 octobre de 17h à 19h
– 24 rue de Lappe PARIS 11 (métro Bastille)
– Retrouvez l’Événement sur Facebook
Planches et illustrations originales de Krassinsky
Interview de Jean-Paul Krassinsky pour son exposition à la galerie Achetez de l’Art
Nous nous connaissons depuis plusieurs années et avons plusieurs fois échangé sur l’organisation d’une grande exposition de tes originaux (BD et autres). Aujourd’hui, ce rendez-vous que nous allons proposer au public, avec plus de 70 œuvres présentées en expo-vente, est enfin programmé avec l’exposition « L’Art de Krassinsky ». Es-tu content ?
Oui, je suis ravi, évidemment. Même si cela fait longtemps que je rêvais de pouvoir montrer mon travail d’aquarelle, je tenais à ce que ce toutes les conditions soient réunies pour que ce soit présenté au public de la meilleure façon possible. C’est maintenant le cas, et je trouve la galerie très jolie, ce qui ne gâte rien.
Quelles sont tes attentes par rapport à cette exposition ?
J’espère pouvoir faire découvrir des aspects méconnus de ma production. Mon lectorat BD n’est pas forcément au courant de mon activité de peintre, et inversement. Je considère que ce sont des pratiques très complémentaires, bien que vraiment différentes, et l’idée de jeter des passerelles entre les deux me plaît énormément.
Est-ce une première pour toi, une telle « rétrospective » ?
Tout à fait. J’ai déjà exposé quelques pages à l’occasion de la sortie d’un album, ou bien participé à des expositions collectives, mais cette exposition est la première à offrir un panoramique plus large sur mon travail.
« Le crépuscule des idiots » et « La fin du monde en trinquant » (deux BD éditées chez Casterman) sont des BD que j’aime beaucoup, où tu maîtrises tout, scénario et dessin. On y retrouve dans tes cases de spectaculaires décors à l’aquarelle. Et avec l’histoire et les personnages, beaucoup d’humour, ironie et causticité, mais toujours avec un regard non dénué d’une certaine tendresse pour eux. Combien de temps t’ont pris chacune d’entre elles ?
Le Crépuscule m’a pris trois ans, la Fin du monde deux ans et demi. Et il faut rajouter à cela le temps de développement du scénario, qui peut prendre des mois. Tout cela peut paraître très long, mais j’avoue ne pas voir le temps passer quand je suis immergé dans la réalisation.
Peux-tu nous parler de ton processus créatif ?
En ce qui concerne la BD, il est assez classique : scénario, story-board, crayonné puis encrage et couleur.
Pour la peinture, c’est plus varié : il m’arrive de sortir peindre sur le motif, ou de m’inspirer de photos que je prends, tandis que certaines œuvres sont elles entièrement sorties de mon imagination. Je laisse le plaisir me guider, même si c’est parfois la météo qui décide à ma place !
Dans tous les cas, je laisse à l’aquarelle une place prépondérante. C’est un médium qui exige beaucoup de concentration et de lâcher-prise à la fois : on doit être toujours attentif à ce qui se passe sur le papier, aux mouvements de l’eau, à la réaction des pigments. Le grand bonheur étant de jouer avec tout ça, de profiter des « accidents » heureux pour aller dans le sens de l’image.
Tu as une très belle carrière (cf. ta biographie) où tu as souvent alterné des projets adultes mais aussi des publications jeunesse. Quels livres, si tu regardes un peu en arrière, ont joué un rôle déterminant pour toi ?
Dans l’absolu, chaque livre est une avancée, ou un pas de côté. Ceux qui ont été pour moi les plus déterminants correspondent à un moment où je franchis un palier supplémentaire dans ma pratique : Les Cœurs Boudinés, où je prends en charge le scénario en plus du dessin, Le Crépuscule des idiots où je réalise la couleur moi-même, à l’aquarelle. Lorsque, en sus, ces livres trouvent leur public, ils deviennent en effet des balises notables de mon parcours.
Justement, ce 21 octobre sort un livre jeunesse intitulé « Frères » (école des Loisirs), écrit par la comédienne Isild le Besco. C’est un bien joli projet et livre, dont nous présenterons quelques illustrations. Quelle en fut la genèse ?
Isild avait déjà écrit et signé le livre lorsqu’elle m’a contacté. J’y ai vu l’opportunité de développer certains aspects de mon dessin, que je n’avais pas encore abordés. J’ai essayé de restituer l’émerveillement ou la peur vus à hauteur d’enfant. J’ai banni l’ironie ou l’humour noir, afin de rester dans le premier degré, d’être au plus près des émotions des jeunes protagonistes de l’histoire.
J’aimerais que nous abordions toutes ces incroyables peintures que nous dévoilerons. Il y a la spectaculaire série « Usines » que j’aime particulièrement. Et puis Paris, ses rues, et plus spécifiquement ton quartier vers la gare de Lyon. Que souhaites-tu nous dire sur ces peintures ? Que représentent-elles pour toi ? Tu te balades dans les rues à la recherche d’inspiration ?
Les peintures faites dans les rues représentent ce que je vois quotidiennement. C’est une vision naturaliste, je peins ce que je vois sans tenter d’enjoliver le paysage, pas question de faire des cartes postales de mon quartier : je dessine aussi bien les feux rouges, les voitures, les poubelles que les arrêts de bus ! Finalement, les véritables sujets de ces œuvres sont la lumière, l’atmosphère ou les innombrables et incroyables reflets que créé l’asphalte mouillée des trottoirs.
La série des usines est née d’une toute autre volonté. Ce sont des paysages purement mentaux, il n’y a aucune documentation ou photographie qui président à leur élaboration. Mais on peut y trouver un parallèle avec mes peintures urbaines : la recherche d’une certaine beauté dans des lieux qui ne sont pas beaux a priori.
Merci à toi, pour ta sympathie et tes réponses à mes questions. Je suis impatient de présenter le fruit de notre collaboration dans quelques jours…
Merci cher Ludovic !
Propos recueillis par Ludovic Monnier en octobre 2020