La sensation du sauvage – Violet Bond nous parle de son exposition à Paris

[English below]

Nous avons eu le plaisir de présenter en février 2024 le travail de l’artiste australienne Violet Bond, et lui avons posé quelques questions en amont de son exposition parisienne.

• Votre travail sera exposé à la galerie Achetez de l’Art Paris du 22 février au 2 mars. Est-ce votre première exposition en Europe ?

Oui, c’est le cas. Ma lignée familiale vient de l’ancienne Bretagne / Angleterre, une très vieille famille qui remonte jusqu’à Stonehenge, l’époque des druides, du culte des arbres et des sorcières. Cela a toujours été un rêve d’exposer dans cette partie du monde.

J’ai visité Paris il y a environ 10 ans, et c’est difficile d’expliquer aux Européens la sensation de voir un Picasso ou un Van Gogh pour la première fois. En Australie, nous nous résignons au fait que nous ne verrons peut-être jamais ces œuvres autrement que dans les livres.

La première fois que je suis allée au Musée d’Orsay, j’ai pleuré.

• Que comptez-vous exposer : des photos, des impressions, des NFT, d’autres œuvres ?

Depuis que j’ai intégré la sphère digitale, j’ai toujours cru dans la liberté de choix. Permettre aux collectionneurs d’acquérir l’œuvre qui les attire sans entrave ; la possibilité pour eux de choisir une sculpture en céramique aussi facilement qu’ils acquièrent une œuvre vidéo.

C’est le but ultime de cette exposition, lier le digital et le physique et permettre à l’œuvre de retranscrire la profondeur de l’expérience de la vie en Australie, dans des lieux sauvages.

Il y aura des impressions, des vidéos, des sculptures physiques et des performances en direct ; bref, des œuvres de tout mon répertoire.

• Votre travail est basé sur vos performances dans le bush australien. Comment comptez-vous l’importer en France ? Avez-vous prévu quelque chose ?

Bien entendu. Je compte me produire en direct dans la galerie le soir du vernissage et recréer une de mes œuvres vidéo sur place.

L’intention première est de permettre au public de voir l’œuvre dans sa forme brute. Souvent, lorsque je crée, je suis seule avec ma caméra dans le bush et j’espère toujours que l’œuvre finale donnera au public l’impression d’avoir été là, avec moi. J’espère que la performance sera un moyen de créer cette sensation, mais de manière physique.

• Quand avez-vous décidé de partager votre art et de le vendre sous forme de NFT ?

La tyrannie de la distance a toujours été présente dans mon travail. Mes céramiques, après avoir passé des mois à les créer, explosaient en transit ; les sculptures en os étaient souvent bloquées en douane ou pour d’autres raisons, et c’est ainsi que je suis arrivée aux NFT.

Le fait de pouvoir immortaliser des œuvres à partir du feu et de la terre, éminemment éphémères, qui disparaissent au moment où elles sont photographiées, a toujours été un rêve ; je n’en avais juste jamais eu la possibilité auparavant.

Les NFT sont simplement devenus le mécanisme me permettant de partager ces œuvres, créées seule dans la brousse, avec le reste du monde.

• Pour vous, que sont les NFT ? Un médium, plus encore ?

C’est une incroyable opportunité de rendre la vidéo et la performance aussi accessibles qu’une sculpture en marbre.

Ils me permettent de créer des œuvres à partir d’herbe, d’eau ou de cendres et d’avoir 0 impact sur le monde naturel, puis de permettre à quelqu’un de posséder cette sensation, cette expérience, ce moment ; honnêtement, pour moi c’est encore quelque chose de magique.

• ETH ou TEZ ?

Les deux. Tezos, ce sont les pirates, le monde souterrain, le progressisme et le cool. La communauté a toujours accepté mes travaux audacieux, ceux que les autres refusaient, et cela m’a permis de créer de manière non filtrée et non censurée, depuis des années.

Mais Ethereum est une institution, que je vois un peu comme un Sotheby’s ou un Christie’s ; le « vieux » monde des NFT, et j’ai toujours pensé que cela avait également une place significative dans la culture. Je suis aussi intéressée par les autres communautés d’Avalanche et de Bitcoin. Parfois, explorer d’autres blockchains implique des contraintes qui peuvent conduire à des œuvres nouvelles et innovantes !

• Collectionnez-vous des œuvres d’autres artistes ? Qui sont vos favoris ?

C’est une question vaste et difficile, mais les animations de Kiszkiloszki et Ainsley sont des œuvres que je considère comme parmi les meilleures dans la communauté. Mes jeunes fils sont aussi de grands fans des œuvres d’Ainsley, nous les regardons donc souvent.

• Vous créez de l’art pour le sauvage. Que répondez-vous aux personnes qui soutiennent que les NFT ne sont que spéculation et nuisent à l’environnement ?

Je suis évidemment en désaccord avec eux. Ayant passé 12 ans dans l’art traditionnel à expédier des peintures et des sculptures, je soutiens que la création d’une industrie plus numérique et générant moins de déchets est ce dont nous avons besoin dans ce monde.

J’aime l’art traditionnel mais le monde consomme des matériaux à un rythme inimaginable, des mines d’argile industrielles au papier bulle, tandis que les œuvres numériques permettent de collectionner sans consommer.

J’ajouterais également que mon travail encourage mon public à se reconnecter avec la nature sauvage. J’ai eu des pièces environnementales exposées dans des gares et dans certains des espaces les plus industriels des villes modernes, et cela grâce aux écrans et au numérique. Ces images ont le pouvoir d’influencer la façon dont les gens se connectent avec leur propre environnement, ce qui est toujours le résultat que je recherche.

• Une importante communauté vous suit sur les réseaux sociaux ; ils aiment, commentent, partagent et adorent votre art. Quel est votre secret ? Est-ce que cela fonctionne, en termes de ventes ?

Je suis entrée dans cet espace en promettant de faire juste une chose : être moi-même. L’authenticité est ma marque de fabrique, rien d’autre.

Les gens qui m’ont découverte ne connaissent pas une version commerciale de moi, ils me connaissent MOI. J’aimerais penser que lorsque beaucoup d’entre eux me rencontreront à Paris, ils repartiront en disant “Elle est exactement celle que je pensais qu’elle serait”.

Les gens achètent mes oeuvres pour une grande variété de raisons ; cela les relie généralement à quelque chose qui n’a rien à voir avec moi : un souvenir d’enfance comme jouer dans la boue, la sensation de la pluie ou les feux de camp ; ce qui leur faisaient prendre conscience de quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, comme s’ils faisaient partie du monde.

• Quels sont vos projets pour 2024, après votre solo-show à Paris ?

L’exposition parisienne est axée sur la saison sèche du nord de l’Australie, le feu, la terre, les cendres et l’argile cuite ; à l’opposé j’ai une autre grande exposition solo en Australie en mai 2024 qui sera axée sur l’eau, les rivières et la pluie.

J’aime cette façon de travailler en saisons et de créer des expériences immersives à travers un corpus d’œuvres qui permet au public de se sentir comme s’il était devant un feu de brousse ou comme si la pluie tombait sur sa peau. La sensation du sauvage.

Violet Bond - portrait
Portrait de Violet Bond, artiste sauvage

[English]

The Feeling of the Wild – Violet Bond talks about her exhibition in Paris

We are pleased to present in late February 2024 the work of the Australian artist Violet Bond, and have asked her a few questions ahead of her Parisian exhibition.

• Your work will be exhibited at Achetez de l’Art gallery in Paris, from February 22nd to March 2nd. Is it your first exhibition in Europe ?

Yes it is. My family line is from ancient Brittany/ England, a very old family that can be traced back to Stonehenge, the times of druids, tree worship and witches.

It has always been a dream to exhibit in this part of the world – I also visited Paris about 10 years ago, it is hard to explain to those in Europe what it is to see a Picasso for the first time or a Van Gogh.

In Australia we are resigned to the fact that we may only ever see those works in books – the first time I went to the Musée d’Orsay I cried.

• What are you gonna showcase : photos, prints, NFTs, other artworks?

Ever since entering the digital art space I have believed in freedom of choice. To allow collectors to acquire work they gravitate to uninhibited by the mechanics. The ability for people to pick up a ceramic sculpture as easily as they acquire a video work. That has been the dream of this show, to integrate the digital and the physical and to allow the work to speak to the depth of experience and what it’s like to live out here in the wild places.

There will be prints, video, physical sculpture and live performance, in short works from my whole repertoire.

• Your work is based on your performances in the Australian bush. How are you gonna import this in France ? Did you plan something?

Indeed. I hope to perform live in the gallery on opening night and to recreate one of my video works in the space. The main intention here is to allow the audience to see the work in its raw form. So often when I am creating it is me alone with my camera in the bush and I always hope that the final work makes the audience feel like they were right there with me. I hope the performance is a way to create that feeling but in the physical.

• When did you decide to share your art and sell it as NFTs ?

Tyranny of distance has always been present in my work. My ceramics would often explode in transit after I spent months creating them, bone sculptures were often stopped by customs or other physical barriers, that’s how I came to NFTs. The dream of being able to create truly ephemeral works from fire and dirt and disappear the moment they are photographed was always a dream I just never had the mechanism before. NFTs simply became the mechanism to allow me to share these works that I make alone in the outback with the world.

• What are the NFTs for you? A medium, more?

They are the most incredible opportunity to make video and performance as acquireable as a marble sculpture. They allow me to create work from grass or water or ash and to have 0 impact on the natural world and then have someone own that feeling, that experience, that moment, honestly it still feels like magic.

• ETH or TEZ?

Both.
Tezos is pirates, the underground, the progressive and the cool. They have always accepted my bold work, the work that others turned away from and it has allowed me to create unfiltered and uncensored for years now.

But ETH has an establishment that I see like a Sotheby’s or a Christie’s, the « old » world of NFTs and I have always believed that that has a significant place in culture as well.

I am also interested in the communities on Avalanche and Bitcoin too – sometimes exploring different chains also creates restrictions that can lead to new and innovative new work!

• Do you collect art from other artists? Who are your favorites?

This is such a big and hard question but animations @kiszkiloszki and @ainsley make work that I believe is some of the very best in the space. My young sons are also huge fans of Ainsley’s works so we watch them often.

• You make art for the wild. What do you say to people arguing NFTs are a speculative thing, not good for the planet?

Well, predictably, I would disagree. Having spent 12 years in traditional art shipping paintings and sculpture I would argue creating an industry that is more digital and creates less ‘stuff’ is what we need in the world. I love traditional art but the world consumes materials at an unfathomable rate from industrial clay mines to bubble wrap and digital works allow for collection without the consumption.

I will also add that my work encourages my audience to reconnect with the wild. I have had environmental pieces shown in train stations and some of the most industrial spaces in modern cities and that is 100% down to the nature of screens and the digital. These images have the power to impact how people connect with their own environments which is always the dream outcome for me.

• A great community follows you on social media; they like, comment, share and love your art. What is your secret ? Does it work, meaning in terms of sales?

I came into this space promising to do just one thing and that was to be myself.
Authenticity is my ‘brand’ nothing else. The people that have found me don’t know some commercial version of me, they know ME.

I would like to think that when many of them meet me in Paris they come away saying “She’s exactly who I thought she’d be”

People buy my work for a huge variety of reasons but it usually connects them to something that has nothing to do with me, a childhood memory of playing in the mud or the feeling of rain or campfires, the things that made them feel something bigger than themselves – like they were part of the world.

• What are your plans for 2024, after your solo show in Paris?

The Paris exhibition is very focused on the Northern Australian Dry Season, fire, dirt, ash and baked clay, conversely I have another large solo show in Australia in May which is focused on water, rivers and rain.

I love this way of working in season and creating immersive experiences through a body of work that allows the audience to feel like they are standing in front of a wildfire or like rain is falling on their skin.

The feeling of the wild.

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