La rentrée 2024 commence fort !
Nous avons le plaisir d’exposer les remarquables planches et illustrations originales de Xavier Coste dans notre galerie parisienne du 5 septembre au 5 octobre 2024, pour la sortie de son Journal de 1985 chez Sarbacane, et en avons profité pour poser quelques questions à l’auteur de BD.
Biographie de Xavier Coste
Né en 1989 en Normandie, Xavier Coste est auteur de bande dessinée et directeur artistique pour le cinéma d’animation. Après une licence en Arts graphiques, il sort son premier album de bande dessinée en 2012, Egon Schiele, vivre et mourir, paru chez Casterman. S’ensuivent plusieurs albums prenant place à Paris, À la dérive, Rimbaud l’indésirable, A comme Eiffel, et l’adaptation du livre L’Enfant et la rivière d’Henri Bosco, sortie chez Sarbacane en 2019.
Son adaptation du roman 1984 de George Orwell, parue en 2021 chez Sarbacane, a reçu le Prix Uderzo 2021 de la meilleure contribution au 9e art ainsi que le Prix BD Fnac France Inter 2022.
Xavier Coste publie l’année suivante chez le même éditeur L’Homme à la Tête de Lion, une plongée dans le monde des freaks dans laquelle il questionne leur place dans le monde.
Parallèlement, Xavier Coste développe un film d’animation adapté de sa bande dessinée 1984, avec Autour de Minuit et Bac Films. Il est co-réalisateur du film, dont la sortie est prévue pour 2027.
Journal de 1985 : Big Brother is back !
24 janvier 1985, an I du nouveau régime. Un individu cagoulé tague un visage géant sur le mur d’un immeuble de Londres. L’ayant repéré par une caméra, la milice essaie de l’appréhender. L’homme fuit. Dans la précipitation, un livre tombe de sa poche : le « livre » de Winston. L’objet est rapporté au camarade O’Brien. Pour remonter jusqu’à celui qui en est à l’origine, son ordre claque : « Préparez moi une liste de noms. Je veux que l’on identifie tous ceux qui ont été en contact avec Winston durant sa captivité. Le coupable est forcément parmi eux. » Une longue série d’arrestations et d’interrogatoires plus tard, où chacun d’eux a « avoué », il ne reste plus qu’une personne sur la liste : O’Brien lui-même. « Mais si ce n’est personne de la liste, qui est à l’origine de ce livre ? », se demande le camarade Secrétaire Général O’Brien quand il est à son tour arrêté.
Dans la foule haineuse qui assiste à son exécution, un homme jeune se hâte. Il s’appelle Lloyd, il doit rejoindre avant le couvre-feu ses camarades, membres d’une organisation secrète de résistance…
(biographie provenant du site Sarbacane)
Interview de Xavier Coste pour son exposition des planches originales de 1984 et du Journal de 1985
Bonjour Xavier, comment vas-tu ?
Très bien ; je suis impatient de la sortie du livre et de l’exposition qui se prépare.
Ta nouvelle bande dessinée « Journal de 1985 » sort bientôt aux éditions Sarbacane, le 4 septembre prochain ; quel est ton ressenti par rapport à cela ?
J’ai très hâte d’avoir des retours ! Le livre sort maintenant dans quelques jours. Faire un livre comme celui-ci représente pour moi environ deux à trois ans de travail. C’est un temps très long pendant lequel je retouche beaucoup les pages, les textes, et maintenant le livre est figé et je ne peux plus rien modifier ! J’ai toujours du mal à réaliser qu’un livre est terminé et que je ne peux plus y toucher, généralement je ne réalise que lors de la sortie en librairie. J’ai hâte de pouvoir échanger avec les lecteurs, c’est un projet très important pour moi.
Peux-tu nous en parler un peu et expliquer en quoi cette BD est une audacieuse interprétation de l’univers créé par Orwell ? Comment cela s’est passé ?
L’idée m’est venue naturellement, au fil du temps. Quand je travaillais sur mon adaptation du roman « 1984 » j’avais des idées d’écriture et d’ajouts, mais je les mettais de côté, je voulais vraiment que « 1984 » soit une adaptation fidèle au texte d’Orwell. Après la sortie de l’album, les idées ont continué à affluer et d’un coup j’ai eu l’idée de la trame de « Journal de 1985 ». En tant que lecteur je me demande souvent ce qui se passe après une œuvre, c’était le cas avec « 1984 ». J’ai mûri le projet pendant de longs mois avant d’en parler ensuite à mon éditeur, qui était très enthousiaste, mais conscient aussi du défi que ce projet allait représenter.
Nous avons énormément travaillé l’écriture du scénario, il y a eu plus d’une dizaine de versions avant que l’on en soit satisfaits tous les deux. Je vois vraiment ce livre comme un hommage à l’œuvre d’Orwell, un prolongement d’une œuvre que j’ai aimée sans modération. Je crois que je n’ai jamais autant travaillé sur un album, et j’espère que les lecteurs le ressentiront.
Tu as développé un univers graphique fort et singulier dans l’adaptation de « 1984 ». Voulais-tu justement continuer d’explorer ton art dans ce sens ?
Complètement, habituellement je travaille sur des one-shots, car j’aime changer d’univers à chaque album, c’est un besoin pour moi, d’essayer de me renouveler. Mais pour la première fois je ressentais un vrai manque avec l’univers visuel que j’ai mis en place sur 1984, j’avais envie de retrouver ces architectures, ces couleurs, bref, d’y revenir. C’était une envie graphique mais surtout une envie de poursuivre l’aventure, de raconter une histoire.
Quelle est ta technique pour réaliser tes planches ?
Je réalise un encrage très fin à l’ordinateur, que j’imprime sur un papier aquarelle. C’est une base sur laquelle je vais pouvoir travailler avec tout un tas d’outils : je refais un encrage avec de l’encre de chine au pinceau, avec des feutres, et ensuite je fais une mise au gris parfois à l’acrylique, parfois avec du pastel aussi, c’est important pour moi de changer d’outils pour ne pas tomber dans une routine de dessin. J’aime aller chercher de la matière, me laisser surprendre par les outils, et j’essaie aussi de provoquer des accidents, avec des taches aquarellées que je n’avais pas anticipées par exemple.
Je rajoute ensuite les couleurs à l’ordinateur, ce qui me permet d’unifier les pages entre elles, de distinguer les séquences avec une chromie réduite. J’aime l’idée qu’un livre ait une teinte particulière, qu’après la lecture d’une BD comme Journal de 1985 on se souvienne de l’univers coloré.
Tes planches seront exposées à la galerie Achetez de l’Art Paris à compter du 5 septembre. Es-tu heureux de cette mise en lumière de ton travail ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Je suis extrêmement content de cette collaboration et de cette mise en avant avec Achetez de l’Art ; c’est l’occasion de pouvoir présenter au public des planches de 1984 et de Journal de 1985, et de pouvoir par la même occasion faire une soirée de lancement pour le livre. Je suis très enthousiaste, et c’est un bel aboutissement après toutes ces années de travail sur ces deux livres.
Lors du vernissage, il y aura un spectacle musical dédié exceptionnel, peux-tu nous en parler ?
Après la sortie de 1984, j’ai été contacté par un musicien très talentueux, Ilia Osokin, qui était inspiré par mes dessins et m’a proposé de réaliser une bande-son pour accompagner la lecture du livre. J’ai adoré ! Il m’a fait le plaisir de refaire un album pour accompagner Journal de 1985, et je trouve que sa musique colle parfaitement à mes dessins, je suis bluffé. Il nous fait l’amitié de venir jouer lors de la soirée de vernissage de l’exposition. La boucle est bouclée !
Je te dis à vite, et suis très heureux de cette future splendide exposition ensemble.
Propos recueillis par Ludovic Monnier en août 2024
Informations pratiques
• Exposition 1985 de Xavier Coste, du 5 septembre au 5 octobre 2024
• 24 rue de Lappe 75011 PARIS (m° Bastille)