Le photographe Pierre-Elie de Pibrac nous présente son projet Desmemoria autour de l’industrie du sucre à Cuba

Nous avons récemment eu la chance de pouvoir échanger en live sur notre page Facebook avec Pierre-Elie de Pibrac, autour de son dernier projet Desmemoria,  après 8 mois passés en immersion totale à Cuba en 2017.

Il en est revenu avec un témoignage photographique exceptionnel sur la vie des ouvriers du sucre, les Azucareros.

Retrouvez ci-dessous l’interview de Pierre-Elie et sa retranscription :

Guillaume Horen (Achetez de l’Art) : Bonjour à tous et bienvenus sur ce nouveau Facebook live organisé par Achetez de l’Art ; n’hésitez pas à poser vos questions et à laisser vos commentaires sous le post.

J’ai le plaisir ce soir d’accueillir et d’échanger avec Pierre-Elie de Pibrac. Vous le connaissez peut-être et d’ailleurs très certainement si vous suivez Achetez de l’Art puisque nous avons déjà présenté plusieurs de ses oeuvres, notamment Catharsis 17, de la série in situ à l’Opéra de Paris, dont nous parlerons peut-être plus tard.

Nous allons parler aujourd’hui de Desmemoria, un témoignage sur les ouvriers de l’industrie du sucre à Cuba, révolutionnaires de la première heure. Il faut savoir que Pierre-Elie est le premier français à explorer les méandres de l’industrie sucrière cubaine depuis  Jean-Paul Sartre en 1960.

Je vais commencer par rappeler rapidement la biographie de Pierre-Elie de Pibrac. Tu es né en 1983 ; en 2007, tu réalises tes premiers reportages photos à Cuba et en Birmanie. En 2009, tu es diplômé de l’EDHEC ; tu assistes plusieurs grands photographes de l’Agence Vu et décide de te consacrer à la photographie. Ta première série est American Show Case en 2010, puis Real Life Super Heroes. En 2014, ta série In situ – Dans les coulisses de l’Opéra de Paris, une série impressionnante via laquelle j’ai découvert ton travail. En 2016-2017, tu pars en immersion avec ta famille pendant 8 mois à Cuba et en reviens avec ce projet, Desmemoria.

Pour les internautes qui nous suivent, on peut bien évidemment retrouver le travail de Pierre-Elie sur Internet et les réseaux sociaux, notamment sur son site pierreeliedepibrac.com.

Pierre-Elie, première question : peux-tu nous présenter ta nouvelle série Desmemoria et nous dire comment on passe de l’Opéra de Paris à Cuba, où tu as été en immersion, où tu as vécu avec les ouvriers ?

Pierre-Elie de Pibrac : Bonjour Guillaume, bonjour à tous ! Ce qui m’intéresse dans la photo, c’est qu’elle me permet de rencontrer des gens ; je n’ai pas particulièrement un type de photo que j’aime faire. C’est pour cela que j’ai travaillé sur des sujets très différents comme les Super-Héros de la vraie vie, l’Opéra de Paris ou encore les ouvriers du sucre à Cuba.

En fait, c’est l’Opéra qui m’a poussé vers le sucre puisque j’ai été amené à exposer cette série à la Havane pendant trois mois. Quitte à aller à Cuba, autant y rester, et c’est en discutant pendant avec un ami cubain, Roger Herrera, que l’idée du sucre m’est venue. En effet, mon ami m’a demandé si je connaissais l’importance du sucre à Cuba, dont je n’imaginais pas l’ampleur, notamment d’un point de vue historique et géopolitique. Partir du sucre pouvait faire un vrai beau projet. C’est ainsi qu’on a été amenés tous les quatre, ma femme, mes deux enfants et moi à vivre à Cuba.

Achetez de l’Art : C’est assez fort ; tu as tout mis de côté ! Comment t’es-tu préparé à ce voyage ?

Pierre-Elie de Pibrac : Quand Roger, qui fait le lien entre Cuba et moi, m’a dit qu’on me proposait cette exposition, j’ai trouvé ça génial. C’était un an avant le jour de l’exposition. J’avais écrit pas mal de textes, lu pas mal de livres sur Cuba. Puis, on s’est focalisés sur l’organisation sur place, comme si on partait pour deux semaines avec ma femme Olivia et mes enfants. On a essayé de voir comment on pouvait vivre avec des enfants sur place. C’était compliqué mais on n’avait pas la notion du temps de 8 mois. On a trouvé un appartement et heureusement que l’on avait Roger et divers amis cubains. On a appris à vivre avec les Cubains. Grâce à un assistant que j’avais là-bas, Yoban Pelayo, j’ai commencé à aller dans les premiers villages, à apprendre l’espagnol et puis c’était parti et ces 8 mois sont passés comme 3 semaines.

Achetez de l’Art : Administrativement, comment cela se passe-t-il ? Tu as un visa ? Comment se renouvelle-t-il ? Comment approches-tu ces sujets délicats ?

Pierre-Elie de Pibrac : C’est compliqué. Au début, j’avais un visa de touriste que je pouvais prolonger une fois voire deux si je faisais des allers-retours entre un pays étranger et Cuba mais c’est impossible avec deux enfants. Heureusement, je me suis lié d’amitié avec la personne qui s’occupait des étrangers à l’Université de la Havane. Je me suis inscrit à des cours d’espagnol à l’Université et c’est grâce à cela que j’ai eu un visa d’étudiant pour Olivia, moi et nos deux enfants, qui étaient en maternelle. En fait, c’était une chance incroyable, ce sont les rencontres qui ont permis cela car j’étais pendant plusieurs jours sans visa et j’aurais normalement dû partir du pays. Grâce à ces amitiés, quelques personnes de l’administration ont validé le projet.

Achetez de l’Art : Est-ce que tu avais dès le départ en tête la façon dont tu souhaitais construire le projet ?

Pierre-Elie de Pibrac : Mon axe était le sucre ; mon but était de raconter l’histoire de Cuba, de la colonisation espagnole au castrisme et même jusqu’à l’arrivée d’Obama, me plongeant dans la vie identitaire de Cuba. Je pensais au départ qu’il n’y avait que quelques villages mais je me suis rendu compte que presque 80% du pays était composé de ces usines, de ces villes qui s’appellent bateyes, construits autour des usines.

Après le vernissage de l’exposition, je me suis posé avec Olivia et Roger avec une carte de Cuba, on a noté tous les villages et j’ai attaqué. Au moment où j’ai voulu commencer, Fidel Castro est mort. J’ai suivi la caravane de Fidel de La Havane jusqu’à Santiago de Cuba, ce qui m’a permis de traverser le pays et d’aller dans les premiers villages. Je n’aimais pas du tout mes premières photos.

J’ai alors rencontré quelqu’un qui m’a dit que ce qui était terrible pour eux dans ces villages, c’est que, depuis que l’usine s’est arrêtée, le temps lui-même s’était arrêté. Il s’agit de la plus triste des destructions, un monde arrêté. Une fois que tout était démantelé, leur vie l’était aussi. C’est pour cela que j’ai travaillé sur des nuances de gris aux résonances particulières.

J’ai aussi voulu montrer des portraits plutôt fiers d’eux qui révèlent ce qu’ils sont, qui sont les Cubains. Il s’agit d’un peuple maintenant indépendant, un peuple qui est fort avec des racines fortes, né d’un métissage du monde entier. La canne à sucre était le quotidien de gens issus du monde entier et c’est ce qui a créé ce que l’on appelle aujourd’hui le physique cubain, un métissage assez incroyable, que j’ai alors travaillé en couleur pour également montrer la propagande castriste, son influence sur la vie des gens.

Achetez de l’Art : Je montre les photos en noir et blanc dont tu parlais. Tu évoquais les villages – combien en avais-tu identifiés avant de partir ?

Pierre-Elie de Pibrac : J’en avais identifié 154 d’est en ouest et je suis allé dans 52 d’entre eux. Sur ces 154 il en reste à peu près 40 au total, dans lesquels les usines fonctionnent encore et ce à 10% de leurs capacités par rapport aux années 90. Le faste pour ces usines était les années 70-80 au milieu de l’ère soviétique à Cuba, et  je ne parle pas des colons espagnols, des haciendas.

Pierre-Elie de Pibrac – Desmemoria

Achetez de l’Art : Ce que l’on ressent dans ces photos de ces usines, c’est que le temps s’est totalement arrêté.

Pierre-Elie de Pibrac : Oui, on est dans un mode éteint. Sur les photos que tu montres, on peut voir Angel aller à l’usine. Les ouvriers se fondent dans le paysage. On peut également voir un soudeur et un machetero dans les montagnes de Madruga au centre du pays, un des derniers coupeurs de canne. Ces photos font état d’un village dont l’usine fonctionne encore mais ce n’est pas le cas de tous. Dans d’autres villages, l’usine s’est arrêtée, les tours sont comme des pierres tombales qui indiquent les villages sans activité. Les gens errent, sans travail, sans possibilité de communiquer avec le village voisin, ne serait-ce qu’au niveau de la téléphonie, sans possibilité de déplacement.

Achetez de l’Art : Sur cette photo, on voit une vue extérieure d’une usine qui est dans un état déplorable.

Pierre-Elie de Pibrac : Il s’agit de Uniòn de Reyes, un endroit où l’usine a été démantelée depuis 6-7 ans. Une partie des pièces a été échangée contre du pétrole vénézuélien. Beaucoup de personnes construisent des maisons dans les ruines des centrales.

Achetez de l’Art : Comment as-tu réussi à te faire adopter par ces gens ?

Pierre-Elie de Pibrac : J’avais un assistant incroyable, Yoban, qui m’a aidé sur ce projet. Au début, je m’étais dit que j’allais arriver avec mes gros sabots. J’ai commencé à parler avec les premières personnes que j’ai rencontrées, les Cubains étant très abordables, mais rapidement des personnes du parti m’ont repéré et demandé de partir. Je me suis retrouvé 8 fois au commissariat avec impossibilité de faire des photos !

Ensuite, je me suis retrouvé à discuter avec pas mal de personnes à travers mes cours d’espagnol et aussi les cours de photographie que je donnais. Mon exposition ayant été pas mal médiatisée à Cuba, j’ai aussi travaillé avec Alicia Alonso, personnage très aimé à Cuba et directrice du Ballet National de Cuba.

Au fur et à mesure, j’ai pu approcher des gens qui m’ont permis d’avoir un laissez-passer, me permettant de me balader dans ces endroits, ce qui m’a ouvert les portes des usines. Ce qui n’avait pas été fait depuis Jean-Paul Sartre avec Ouragan sur le sucre.

Yoban était incroyable car les gens du parti qui me faisaient la visite me montraient un parcours pré-fait et Yoban réussissait à capter leur attention pour que je puisse déambuler et faire d’autres photos. Il y a 600 photos en tout.

Achetez de l’Art : Ici, une autre photo montrant a priori un ouvrier qui dort avec son enfant.

Pierre-Elie de Pibrac : C’est une femme qui dort avec son enfant, dans un batey qui fonctionnait toujours et qui a été détruit à la suite d’un ouragan. Ce batey va être remplacé par une zone touristique alors même que les anciens habitants vont continuer à habiter dans ces ruines, sans pouvoir avoir de contact avec l’industrie touristique.

Achetez de l’Art : L’image que l’on a de Cuba, ce sont des photos très colorées, ici on est dans le vrai Cuba, sur le sucre qui est à l’essence même de toute la communication officielle. C’est marquant de prendre cet axe qui change de la vision habituelle.

Pierre-Elie de Pibrac : Ce qui m’intéressait était d’aller en effet au-delà de la vision colorée de Cuba. La couleur est un élément de propagande du parti. Ce que je désirais, c’est étudier en profondeur la culture du pays. Le sucre concerne 80% du pays et on ne pouvait pas le voir. Même si on a l’impression de se balader en toute liberté à Cuba – d’ailleurs moi-même la première fois que j’y suis allé en 2009,  j’ai pris quelques photos et ai cru avoir vu quelque chose – il s’avère que l’on ne dévie pas d’une route programmée, même si on a une impression de liberté.

J’ai fait ainsi des portraits en couleur, désirant montrer les parties éteintes de leur quotidien, de ce temps arrêté en voulant contraster avec la couleur, l’image qu’on a de Cuba, force de propagande. En effet, on demande tous les ans aux gens de repeindre leur maison au moment l’anniversaire de la révolution du 1er janvier. Je ne voulais donc pas recréer cette atmosphère de propagande mais bien jouer sur leurs âmes au fin fond de leur réalité.

Achetez de l’Art : Ici en effet je partage la photo d’un jeune garçon devant un mur qui a été repeint, et qui a encore de la peinture sur lui. On perçoit son âme dans son regard. Il faudrait que tu nous racontes ce que l’on ne voit pas à l’écran, car chaque photo intègre un filigrane.

Pierre-Elie de Pibrac - Guarijos
Pierre-Elie de Pibrac – Guarijos – Zoom sur l’oeuvre et le filigrane

Pierre-Elie de Pibrac : En fait, quand je parlais avec eux, on ne pouvait parler du parti ou de la réalité politique du pays. Cependant, je me suis rendu compte qu’au travers des phrases de propagande de Fidel Castro, qu’ils connaissaient par coeur, il y avait des choses intéressantes à dire. Une des phrases les plus connues était Patria o muerte, venceremos (La patrie ou la mort, nous vaincrons). Il y en a des milliers comme ça. J’ai donc remarqué qu’entre ces phrases de propagande et la réalité, leur visage, il y avait un monde énorme.

J’ai donc voulu qu’en filigrane, chaque personne choisisse une phrase qui est inscrite à l’infini, embossée sur l’image. Il s’agit d’un filigrane transparent où les mots remplacent presque les pixels. Il faut s’approcher de l’image – les tirages sont assez grands – pour s’en apercevoir. Ce texte raconte qui est la personne, ses conditions de vie, la réalité de l’atmosphère qui l’entoure. A travers ces phrases, il faut faire un effort pour aller les voir et ne pas s’arrêter à la première impression que l’on a, si colorée.

Achetez de l’Art : Il s’agissait de temps de pause de combien de temps ?

Pierre-Elie de Pibrac : Ils sont rapides dans la prise de vue mais très longs dans l’installation. La lumière est naturelle, sans ombre. L’idée est qu’il n’y ait pas de relief sur le portrait, rien entre le mur et le sujet. Il n’y a pas de spot rajouté pour essayer de créer un contraste. Cela durait environ 30-45 minutes. Une demi-seconde pour la photo mais je faisais trois ou quatre images et comme c’est très détaillé, je n’avais pas vraiment le droit à l’erreur, hors de question d’être hors focale etc. Tout est dans les yeux, nets, sur des tirages d’1 mètre 80 – 2 mètres.

Achetez de l’Art : Il y a cet échange que tu partages, dans des grands formats magnifiques, où l’on peut même te voir dans les yeux de ces personnes.

Pierre-Elie de Pibrac : Ce qui est intéressant, c’est que c’est un monde où le temps s’est arrêté. On a l’impression qu’ils ont tout le temps mais en fait, ils n’ont pas le temps de nous parler ou de partager leur réalité. Le fait d’avoir pris le temps pendant une heure, avec tout le monde qui s’agglutinait autour, était un test fort.

Là-bas, il n’y a pas d’individu ; chacun est un maillon d’une chaîne et nul ne peut aller à l’encontre de la vérité collective. Le fait qu’ils aient pris le temps d’être en interaction avec moi est déjà un acte d’expression fort. Je tachais de ne pas les mettre dans des situations délicates mais nombreux étaient les gens qui criaient, qui nous ont arrêtés, qui nous ont dit que c’était scandaleux. Les personnes que j’ai photographiées tenaient bon face à cela, ce qui était difficile. Ensuite, quand on parle avec eux, ils nous font part de cette phrase de la révolution qui est fondamentalement antinomique avec le portrait, ce qui est intéressant.

Achetez de l’Art : Tu parlais du nombre de photos tout à l’heure, 600 photos ?

Pierre-Elie de Pibrac : Oui 600 photos pour les noir et blanc, et 42 pour les portraits. Pourquoi 42 car j’ai repéré 42 typologies de cubains différentes d’un point de vue du métissage. Sans doute y en a-t-il plus mais c’est ce que j’ai pu voir dans le temps imparti. J’ai donc voulu faire 42 portraits de personnes différentes dont la peau, la mâchoire… sont très différentes. Cela montre que ce pays est très complet, le monde entier est à Cuba ! Il s’agit d’une petite île mais une culture excessivement forte qui vient de partout, et ce grâce à la canne à sucre.

Achetez de l’Art : Es-tu resté en contact avec certaines personnes ?

Pierre-Elie de Pibrac : Oui, je suis resté en contact via Internet avec Yoban. Ensuite, les cubains du sucre, j’ai leur adresse ; je peux également les contacter via différentes personnes mais c’est plus facile quand je suis à Cuba. On est retournés les voir après le projet pour leur offrir les portraits. Ce qui est compliqué, c’est que je ne peux pas envoyer un courrier comme cela, n’étant pas sûr qu’il va bien arriver.

Par exemple, Angel – celui qui part à l’usine, le premier portrait en couleur – et moi avons été en contact une quinzaine de fois, on s’entend très bien. Pour lui, j’ai un numéro de téléphone d’une personne qui est à Cuba qui peut le contacter si besoin.

Achetez de l’Art : J’allais justement te demander si tu allais retourner à Cuba. Tu y es donc retourné, tu leur as offert leur portrait, c’est génial ! Vas-tu encore y retourner ?

Pierre-Elie de Pibrac : J’espérais y retourner l’année prochaine mais tout n’est pas encore validé là-bas pour une exposition du projet sur place. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai des opportunités pour l’exposer là-bas, alors même qu’il s’agit d’un projet délicat. 

Là est tout le pouvoir de l’art et de la photographie, de raconter des choses. Vont-ils transformer mes propos ? Je ne sais pas, en soi, je n’ai pas de propos. Il s’agira plus de personnes qui vont s’apercevoir de certaines réalités. Je ne voulais pas faire de politique, je voulais juste présenter des faits et des interactions que j’ai eues avec certaines personnes à l’aide de typologies de photographie différentes. Ce serait très intéressant de l’exposer à Cuba, voir la réaction des Cubains. Les personnes sur les images, du sucre, sont appelées les Guajiros qui sont des personnages importants de la révolution de José Marti en tant qu’ils ont porté la révolution contre l’empire espagnol. Ils étaient appelés « War Heroes », ce qui a donné « Guajiros ». Les gens du sucre sont toujours aujourd’hui appelés comme cela et cette exposition pourrait aussi être une exposition de héros et de personnalités qui sont toujours existantes, des générations plus tard.

Achetez de l’Art : Peut-on acquérir ces photos ?

Pierre-Elie de Pibrac : Pas encore. J’étudie la meilleure manière de les organiser et surtout d’organiser une exposition représentative des personnes que j’ai rencontrées et de la réalité de ces images.

Achetez de l’Art : On peut voir le détail de ce projet sur ton site Internet. Je vais conclure en rappelant deux petites choses :

• Deux oeuvres de ta série précédente Catharsis 17 et Catharsis 20 sont proposées à la vente sur le site Achetez de l’Art et sur les réseaux sociaux. Je vous invite à aller voir ces oeuvres issues d’une autre série, qui sont d’une grande qualité.

• Pierre-Elie est finaliste du Prix Levallois pour la photo et je vous invite à le soutenir via le lien suivant : ar2.fr/cuba jusqu’au 12 juin.

Je voudrais ensuite te remercier pour cet échange passionnant. J’ai découvert ce projet chez toi avec le tirage de l’enfant que l’on a présenté tout à l’heure, avec ce regard triste, très fort. J’ai vraiment pris une claque avec cette oeuvre. On a hâte de voir comment tu vas avancer avec ce projet.

Pierre-Elie de Pibrac : Grand merci à toi qui me soutiens depuis l’Opéra. Je t’avais parlé de cette histoire de Cuba avant de partir et tu t’y es intéressé. J’ai pu développer cette idée à Paris avec toi et j’ai la chance aujourd’hui d’en parler avec la communauté d’Achetez de l’Art. C’est important aussi de décrire ces images. J’ai hâte de vous montrer toutes les oeuvres et le travail de tirage très compliqué que je fais avec Thomas chez Central Dupon ; on a travaillé 5 mois pour trouver le bon papier.

Achetez de l’Art : J’aurais dû te poser cette question car il faut que les gens sachent que tu es… quelque peu névrosé avec la question du tirage. Raconte-nous cette histoire de papier !

Pierre-Elie de Pibrac : En fait, la façon de travailler la photographie me vient en rencontrant les gens que je vais photographier. En faisant les photos, je m’imagine à quoi elles vont ressembler avant d’être tirées. En rentrant à Paris, j’ai essayé une vingtaine de tirages mais je savais que ce n’était pas ce que je voulais. En effet, je cherchais quelque chose qui donnerait comme une estampe, un crayonné en noir et blanc.

C’est donc au bout de 5 mois que j’ai trouvé le bon papier avec Thomas. C’est arrivé un peu par hasard car j’en parlé à quelqu’un et la personne m’a dit qu’elle avait vu ça il y a trente ans chez un photographe. Avec un nom pas possible. Là Thomas me dit que Jean-Loup Sieff lui avait donné une boîte de papier il y a 25 ans. Finalement, il s’agissait du papier que je recherchais et les tirages se sont donc faits sur du papier qui appartenait à Jean-Loup Sieff.

Cela me plaisir car c’était un ami de mon grand-père qui était photographe aussi. La boucle est bouclée sur l’amour de la photo. Cela m’est venu par mon grand-père et c’est revenu par Jean-Loup Sieff pour ce projet.

Achetez de l’Art : Le rendu est incroyable en effet. Je propose de conclure et de vous diriger vers le site de Pierre-Elie de Pibrac pour le reste, qui répondra d’ailleurs à toutes vos questions.

Le live de la semaine prochaine portera sur la fiscalité des galeries d’art. Bonne soirée  et à bientôt.