[Conservation]

Par Pauline Hélou-de La Grandière

Bien conserver une oeuvre ? Les conseils de Pauline Hélou de La Grandière, experte en restauration d’oeuvres d’art

Au moment où l’on devient propriétaire d’une œuvre d’art, on acquiert aussi sa matérialité : on peut la tenir, la retourner, l’observer… mais on devient aussi responsable de sa fragilité, face au temps, face aux agressions passives (lumière, poussière) et face aux accidents improbables et variés, comme le rebond d’une petite balle d’enfant ou un accroc pendant le transport.

Acheter de l’art, c’est aussi savoir le conserver…

Pour cela, les préconisations sont très simples : tous les matériaux sont sensibles aux variations brusques, qu’il s’agisse d’humidité, de température ou de vibration. L’humidité « idéale » pour la plus grande partie des œuvres est autour de 55% d’humidité relative, pour une température de 19-20°C. Mais chaque matière peut avoir ses fragilités propres.

La lumière, la poussière et les accidents

Les œuvres sur papier et textile craignent par exemple la lumière naturelle et artificielle, et cette sensibilité se cumule : il faut donc réduire l’éclairage (fermer volets et rideaux dès que possible), et éloigner les œuvres des sources lumineuses directes. Dans les musées, les ambiances de pénombre des expositions graphiques sont dues à cette fragilité (150 lux/ 1000 heures/ an).

La poussière et les crasses sont l’autre agression fréquente : lorsque l’on manipule une œuvre sans gant, les poussières et crasses du revers risquent d’être déplacées sur la face de façon parfois irréversible. Les œuvres se manipulent avec des gants propres, en coton.

Enfin, toutes les manipulations demandent de l’anticipation : pas d’emballage avec des résidus d’adhésif, pas de trajet avec une porte à ouvrir, etc.

Les bienfaits de la restauration

Si malgré toutes ces précautions, un accident survenait, un conservateur-restaurateur d’œuvres d’art peut intervenir. Il faut le choisir expérimenté dans le type d’œuvre à traiter, en faisant attention à sa formation initiale, le métier n’étant pas protégé.

Les restaurateurs peuvent aussi intervenir en tant que conseil (pour l’accrochage, le stockage et le transport) ou pour une étude de l’œuvre, soit de sa matérialité, soit pour évaluer son état de conservation (ce qu’on appelle le constat d’état, indispensable avant chaque transport ou nouvelle exposition).

A l’occasion de leurs restaurations,  les œuvres livrent aussi de nouvelles informations, la plupart du temps sur les propriétaires précédents, mais il nous arrive aussi de découvrir une composition sous-jacente, une signature, ou de déterminer qu’il s’agissait d’un faux… Chaque restauration est alors une découverte de l’œuvre sous un nouvel angle.

Pauline Hélou - de La Grandière, spécialiste de Soulages
Pauline Hélou – de La Grandière Maître Antoine Cadeo sur Linkedin
Restauratrice du patrimoine, diplômée de l’Institut national du Patrimoine, spécialiste des oeuvres de Pierre Soulages

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Illustration : Pauline Hélou – de La Grandière au musée Soulages en 2014, avant son ouverture

 

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3 réponses sur “Acheter de l’art, c’est aussi savoir le conserver”

  1. Odeurs néfastes à l'œuvre
    Bonjour, je me demandais également si des odeurs telles que celle des cigarettes pouvaient imprégner irrémédiablement le tableau et l’abimer par la même occasion. Merci pour votre réponse.

  2. D’accord avec cette analyse, mais se renseigner sur « la formation initiale » me paraît quelque peu réducteur. Je pense que l’on peut être un très bon restaurateur, compétent, respectueux de l’éthique et des objets sans avoir fait l’INP ou la maîtrise de PARIS 1.
    Se renseigner sur la formation d’un restaurateur ne doit donc pas faire éliminer systématiquement tout restaurateur ayant une autre formation…sous peine d’ostracisme. Il faut juger les gens sur la qualité de leur travail et non sur leurs seuls diplômes qui, par ailleurs, ne sont pas non plus toujours gage de qualité !

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