[Bande dessinée]

Par Ludovic Monnier, expert BD

VIRGINIA, une BD à découvrir absolument !

Le tome 1 de « Virginia » est sorti en mai 2013 chez Casterman. Le tome 2, en juin 2014 et le 3 en juin 2015. Le scénario, brillant, est de Séverine Gauthier. Et le dessin de Benoît Blary.

Virginia - Benoît Blary - illustration
Virginia – Illustration originale de Benoît Blary

L’histoire

Elle est conçue comme un western psychologique, avec beaucoup de profondeur, et des scènes d’action qui donnent un rythme intense à l’ensemble.

Cela se passe en 1863, le personnage principal Doyle a vécu un drame en tant que soldat de la guerre de Sécession, où par accident et totalement involontairement, il a commis l’irréparable…

Brisé, moralement, il porte sa culpabilité en lui et celle-ci prend une forme inattendue qui va peu à peu le faire sombrer dans une addiction à l’alcool et morphine afin de fuir ses tourments psychologiques. Entre rêves et cauchemars, passé et présent, avec une profonde empathie, nous suivons les aventures de cet homme quasi brisé qui survit comme il peut.

Je ne veux pas en révéler plus ici, car je souhaite que vous découvriez cette magnifique histoire, dans laquelle les deux auteurs ont donné beaucoup.

Aujourd’hui « Virginia » est en effet disponible en intégrale. Elle sort le 26 décembre 2019, non plus chez Casterman, mais au Long Bec.

Alors que le genre « western » est très largement exploité dans la bande-dessinée, il s’agit pourtant d’une des meilleures bd du genre !

Les planches

En parcourant « Virginia », un fait m’a tout de suite frappé. Quand nous sommes dans le passé, les planches et parfois cases sont réalisées avec des crayons de couleurs. Lorsque nous sommes dans le présent, elles sont réalisées à l’aquarelle. Et le travail d’ambiance à partir des couleurs, justement, est de toute beauté !

Virginia - Benoît Blary - 9 planches
Découvrez et collectionnez les planches et illustrations originales de Benoît Blary !

Cette particularité étonnante apporte une sensation unique au déroulé et au ressenti général qui s’en dégage. Les dessins sont poétiques, contemplatifs, et les personnages charismatiques. La maîtrise de Benoît sert à merveille le scénario subtil et efficace de Séverine. Ensemble, ils nous invitent à une lecture qui ensuite demeure inoubliable.

Présentation de Virginia par Benoît Blary

« Virginia, nommé Maroons à l’origine, est un projet né de l’envie de Séverine Gauthier et moi de travailler ensemble, appréciant nos travaux respectifs et étant déjà « voisins de bureaux » au sein de l’Atelier 510ttc. Ceci remonte à 2009.

Ayant un intérêt commun pour l’histoire américaine du XIXème siècle et le western, l’univers vers lequel nous souhaitions nous diriger fut vite fixé. Il fallait en préciser les contours et la guerre de sécession s’est vite imposée, cette période étant stimulante pour construire des récits et des personnages intéressants.

Les toutes premières versions étaient d’avantage baignées de fantastique, avec une forte présence du vaudou, mais ces aspects furent vite laissés de côté pour en arriver à la version publiée.

L’écriture de Séverine a vraiment porté ce projet, posant les ambiances et les personnages de manière très évocatrice, tout en me laissant la liberté de la mise en scène et de l’appropriation de l’univers et ses protagonistes, aboutissant, je l’espère, à un tout cohérent. Les échanges furent constants tout du long du travail sur cette histoire afin d’aller en ce sens.

Concernant mon travail graphique sur ces albums, outre le travail scénaristique de Séverine, tout un panel d’influences est sans nul doute entré en compte, bien que de manière inconsciente, n’ayant pas forcément de références précises en tête à tel ou tel moment. Cela va des peintres tels James Abbott Mcneill Whistler et William Turner, un illustrateur comme N.C. Wyeth, les romans western de Elmore Leonard, Wilderness de Lance Weller ou encore Dans la brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke pour ne citer qu’eux. Les nombreux films western que j’ai pu voir ont sans nul doute joués aussi, des plus classiques aux plus « décalés », tel Vorace de Antonia Bird. Tout comme les BD western, Jim Cutlass en tête. Mais il serait fastidieux de tout citer ici (et j’en oublierai sûrement). Je retire de cela des ambiances, des approches narratives avant tout, plutôt que des éléments précis.

La documentation a bien entendu un rôle important afin de pouvoir restituer l’ambiance de l’époque (on en revient toujours à l’ambiance, au ressenti), que le lecteur puisse « y croire » et se plonger dans le récit aux côtés des personnages. Tout en évitant que cela ne donne l’impression d’une reconstitution historique figée, il faut que cela reste vivant autant que possible, que la documentation nourrisse le récit mais ne prenne pas le pas dessus. Mais cette recherche documentaire est vraiment une part du travail que j’aime beaucoup, surtout lorsque c’est un sujet qui me passionne comme ici. J’ai pour cela un nombre conséquent d’ouvrages sur le sujet et sur des éléments de l’époque tels le mobilier, les objets du quotidien et les vêtements. Internet est bien entendu une source inépuisable d’informations, en prenant garde de croiser les sources. L’incontournable forum civilwartalk.com, que je consulte encore quotidiennement, m’a fourni de nombreux éléments.

Pour toutes ces raisons, ce furent des albums sur lesquels j’ai pris un grand plaisir. En souhaitant que cela transparaisse à la lecture. »

Retrouvez sur Planète BD une critique intéressante du tome 1 de Virginia.

Ludovic Monnier expert BD
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Expert en bandes dessinées d’Achetez de l’Art

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